Les troubles de santé mentale sont complexes. Est-ce une question de faiblesse, une faute ou simplement une question de volonté? La réponse à toutes ces questions est NON. Quand les gens portent des jugements, c’est souvent par méconnaissance. Moi je trouve important de bien s’informer, de se tenir au courant.
J’ai lu avec grand intérêt le premier livre de Florence K, Buena vida, écrit en 2015 et puis récemment son deuxième, Nueva vida, qui a paru en 2021.
Pourquoi j’ai choisi d’écrire sur Florence K ? Parce que je m’identifie beaucoup à elle. Je vis moi-même avec un sévère syndrome post-traumatique. C’est dans ses tempêtes émotives que je m’identifie vraiment. Mais surtout j’admire la façon dont elle mène son combat contre la maladie mentale. Son livre, sa vie me donnent espoir qu’on est capable d’améliorer beaucoup d’aspects de nos vies.
D’entrée de jeu, j’avoue que je trouve Florence K extraordinaire de conjuguer sa condition de bipolarité avec une vie si remplie: être mère à la fois d’un bébé et d’une ado, étudier pour obtenir une maîtrise, être une musicienne, une animatrice à la radio, écrire des livres, et quoi encore ! Et le courage qu’elle a de se livrer en toute transparence publiquement.
Dès sa jeunesse
Depuis sa jeunesse Florence baigne dans la musique, les tournées, « une vie de saltimbanque », puis devient musicienne à son tour. Une dizaine d’albums aux influences latines à son actif, tout va pour le mieux, quand un diagnostic de bipolarité de type II vient bousculer son existence.
La vie lui réservait encore des surprises et lui enseignerait des leçons constructives.
Elle en parle dans Buena vida dans lequel elle livre un vif témoignage sur sa profonde dépression. On apprend aussi que Florence reste vulnérable a une nouvelle rechute et mène un véritable combat pour de ne pas tomber dans le précipice.
Son diagnostic de bipolarité de type II lui tombe dessus tel un boulet de canon. Elle vit des périodes de dépression plus profondes, suivies de phases d’hypomanie, mais qui sont moins graves que celle du type I. Certes elle est ébranlée, mais la musicienne ne courbe pas l’échine, elle entreprend alors un grand virage, en retournant sur les bancs d’école sans toutefois laisser sa carrière artistique de côté.
Études et résilience
Florence K termine actuellement une maîtrise en santé mentale et un bac en psychologie. Elle espère accéder au doctorat qui lui permettra de parfaire son parcours académique et pousser vers la recherche clinique en psychologie. Pour elle, il est primordial de continuer de relever des défis, ai-je constaté à la lecture de Nueva vida. Je trouve qu’il faut beaucoup d’audace pour foncer dans un tel projet !
Elle affirme par ailleurs : « [ …] autant la maladie physique suscite la compassion, autant la maladie mentale dérange ».
À lire Florence K, on ressent combien c’est difficile de vivre avec sa condition, mais elle a décidé de ne jamais tomber dans l’apitoiement, c’est même le contraire. Elle écrit pour éveiller des consciences.
L’artiste parle de son trouble psychique sans tabou. Son récit fluctue entre ses périodes d’hypomanie et ses phases dépressives. Elle alterne entre ses highs, lorsque, par exemple, elle se lance dans des dépenses excessives et des comportements destructeurs. Achats impulsifs — dont l’acquisition d’une demeure de 675 000 $ — relations amoureuses souffrantes, Florence se livre sans tabous.
Aller chercher de l’aide
Florence doit composer avec la vie sous médication et être à l’affût du moindre signe qui pourrait perturber son équilibre émotionnel. Son psychiatre, le Dr Génial, comme elle l’appelle dans son livre pour préserver son anonymat, l’accompagne dans sa démarche. « L’effexor m’aidait à déterrer des ressources insoupçonnées en grattant les derniers recoins de mon cerveau, ma petite pilule rouge me permettait d’être fonctionnelle, d’être capable de m’extirper des cyclones de pensées négatives ».
C’est d’ailleurs l’un des aspects qui est venu me chercher dans son livre: ses cyclones de pensées négatives et destructives. Ça, ça me parle, parce que je vis exactement les mêmes symptômes : les sujets dans ma tête s’entremêlent et ça ressemble drôlement à mes tempêtes cérébrales et psychiques.
J’aime comment elle a décidé de prendre sa condition et de la virer en opportunités. Par exemple, l’ajout de nouvelles cordes à son arc avec des études plus poussées et une volonté d’aller toujours plus loin dans la connaissance d’elle-même en particulier et de l’être humain en général.
Florence relate qu’elle démêle les fils des distorsions de son esprit et apprend à les recoller le mieux possible avec la réalité. Elle progresse lentement et reprend le contrôle de sa vie. Après avoir terminé son livre, on sent le résultat de ses efforts lorsqu’elle écrit : « La publication de Nueva vida avait eu pour effet d’alléger mes épaules d’une tonne de briques, je pouvais parler de ce que j’étais réellement, de ce que je vivais sans honte ni tabou ».
Son parcours la mène finalement vers sa mission ultime : étudier dans la perspective d’aider d’autres personnes qui vivent avec les mêmes troubles de personnalité qu’elle. Elle n’a pas hésité une seconde à se mettre en situation de vulnérabilité devant ses fans, pour déstigmatiser les troubles de santé mentale.
S’aider soi-même
Quand le niveau d’énergie est à son plus bas, différents moyens aident Florence à tempérer ses humeurs qu’elle soit dans la tristesse ou une trop grande bouffée d’énergie, elle le canalise avec des activités alternatives. Elle utilise notamment le yoga. « Lorsque quelque chose me fait du bien, ça devient ma raison de vivre, écrit-elle. Comme je n’arrivais pas à modifier les circonstances anxiogènes de ma vie, le yoga était devenu pour moi LE remède. »
Mais elle ajoute aussi différentes autres façons de canaliser ses énergies comme s’occuper de son bébé et de son adolescente, étudier, chanter, être à la radio, et s’occuper de façon générale. Je crois que de s’occuper est un bon moyen de ne pas trop penser et de diminuer les bouffées d’anxiété.