Montréal a subi de profonds changements dans ses infrastructures au cours des dernières années. Sa configuration, ses espaces citoyens, les sites de construction dans tous les arrondissements donnent à la ville un nouvel air. Parmi les modifications les plus importantes: le Réseau express vélo, qui a transformé non seulement le visage de la métropole, mais aussi la façon dont se déplacent ses citoyens.
Il est indéniable que le vélo a de grands avantages économiques et des bénéfices certains sur la santé des centaines de milliers de cyclistes montréalais. Indéniable aussi côté environnemental.
Il y a là-dedans du bon et du moins bon. La création de ces 184km de voies cyclables partout sur le territoire montréalais ne s’est pas faite sans heurts. Il a fallu sacrifier des voies réservées aux autos sur de grandes artères, dont la rue Saint-Denis, ce qui n’a pas, bien sûr, fait l’affaire de tout le monde, automobilistes et commerçants confondus. Et plus récemment, le tronçon cyclable qui passe devant l’entrée des ambulances du CHUM a fait grincer des dents, au moment d’écrire ces lignes. Espérons qu’un accommodement aura été trouvé d’ici peu.
Changement de mentalité
Il faut souligner par contre que, petit à petit, les mentalités changent. Les automobilistes sont plus sensibilisés et le partage de la route est désormais plus intégré dans leur conduite. Les cyclistes sont également plus nombreux à respecter le code de la route. Mais pas tous : combien brûlent des feux rouges, roulent à sens inverse, ne sont pas assez visibles quand il fait noir ou pédalent en zigzaguant dans le trafic? Et combien de conducteurs estiment que la rue leur appartient et ne se soucient pas des cyclistes, qu’ils frôlent avec leur voiture, klaxonnent et invectivent ?
Il faut espérer que la situation s’améliore. Déjà, les réaménagements rendent les déplacements à vélo plus sûrs et sécuritaires pour tous et diminuent le stress des automobilistes.
Vélos cargo
On vous parle dans ce numéro des vélos cargo qu’on voit plus nombreux dans les quartiers centraux de la ville. Ces parents qui ont transformé leur montures, le plus souvent avec assistance électrique, en transporteurs capables d’accommoder un, deux, voire trois gamins, en plus de l’épicerie et autres denrées. C’est génial! Et vivement que ce mode de transport actif se répande non seulement à Montréal, mais aussi dans d’autres villes du Québec.
Mais il faut aussi réaliser que ce n’est pas pour tout le monde. Tous n’ont pas la capacité de se déplacer en vélo. Et qu’en est-il des gens qui veulent magasiner en ville ? Et les personnes qui viennent de l’extérieur et pour qui le transport en commun n’est pas très accessible ? Disons que c’est devenu plus compliqué pour beaucoup de gens.
Or, si on veut sauver l’environnement, il faut faire des choix.
On est en train de s’adapter. C’est toujours ardu quand on fait des changements. Prenez par exemple Amsterdam, où le vélo règne en roi partout dans la ville depuis les années 70 et que l’on cite comme modèle à l’échelle mondiale. Le réaménagement avait été réclamé par les citoyens qui en avaient assez des accidents qui ont coûté la vie à des centaines d’enfants en peu de temps. Eh bien il faut souligner que l’acceptation des voies cyclables a néanmoins été difficile dans les premières années. Mais aujourd’hui, c’est plus de 60 % de la population des Pays-Bas qui enfourchent leur vélo pour se déplacer quotidiennement. Et de nombreuses villes dans le monde ont emboîté le pas.
Les temps changent. On s’adapte et on trouve les moyens de cohabiter le plus harmonieusement possible… faut-il espérer.