On ne naît pas camelot. On le devient, souvent par nécessité et pour toutes sortes de raisons. Cette nécessité n’est parfois qu’une étape vers un lendemain meilleur. Voici l’histoire de Nancy, ancienne participante de L’Itinéraire qui a profité de son passage pour atteindre de nouveaux objectifs de vie.
Il y a environ 13 ans, Nancy revenait de la Colombie-Britannique et se retrouvait sans travail. Elle, qui avait le talent de se trouver un emploi rapidement, n’arrivait plus à se faire une place sur le marché du travail.
Un jour, un ami de longue date, sympathisant de L’Itinéraire, l’a informée que l’organisme cherchait un cuisinier. « Comme j’avais été assistante-gérante d’une pizzeria en C.-B., il s’est dit que je ferais l’affaire. ». L’Itinéraire avait vraiment besoin d’aide, le chef ayant quitté précipitamment.
Le hic, c’était qu’elle ne savait pas cuisiner, mais pas pantoute ! Il lui dit : « Ce n’est pas grave, c’est de la cuisine comme tu te fais chez toi : des pâtés chinois, du spagatt’. Tu sais faire ça ? » Alors, elle accepta de faire l’entrevue et a été embauchée.
Elle est tombée en amour avec la mission de l’organisme, mais malheureusement des coupures de subventions l’obligeront à quitter le job. Elle se retrouvera alors sur l’aide sociale. Étant une mère monoparentale, elle n’arrivait plus à joindre les deux bouts.
Elle se trouva un travail chez Ameublement Léon comme préposée à l’inventaire, mais le salaire n’était pas au rendez-vous. « Quand tu penses que tu vas y arriver et que l’argent que tu fais ne suffit pas à payer les fournitures et activités scolaires… Alors j’ai craqué et me suis retrouvée en dépression. »
Il y a environ six ans, le même ami lui a fait savoir que L’Itinéraire offrait des cours de cuisine dispensés par Cuisiniers sans frontières. L’aide sociale bonifierait son chèque et payerait ses frais de transport.
Ils donnaient leurs cours au sous-sol, elle n’arrivait toujours pas à savoir popoter, mais par compte elle s’est découvert des talents de pâtissière. À la fin des cours, L’Itinéraire a décidé d’ouvrir un quart de travail le soir.
« C’est à L’Itinéraire que j’ai compris que « normal », c’est juste une option de cycle sur une laveuse : ça n’existe pas dans la vraie vie. Tout le monde, en quelque part, a des choses fuckées dans leur vie. »
Ici à L’Itinéraire, on la trouve généralement charmante et drôle, alors elle a appris à s’aimer. Maintenant, elle peut s’accepter avec ses qualités et ses défauts. Elle redeviendra gérante du Café L’Itinéraire, mais sur un programme PAAS. Avec le temps, elle finira par tomber de fatigue et annoncera son départ. On décidera de lui donner une pause à la place.
Pendant ses vacances, un poste s’ouvrira à la distribution, encore sur un programme PAAS (Programme d’aide et d’accompagnement social), elle demandera donc un transfert. Elle a eu beaucoup de peine de quitter la cuisine et ses collègues, mais elle était épuisée. Elle s’est dit que le travail de bureau lui ferait du bien.
À la distribution, elle avait un contact direct avec les camelots, et un jour, au cours d’un différend, un camelot lui a fait remarquer qu’elle n’avait jamais été camelot. Elle a admis qu’il avait raison. « J’ai été amenée à connaître le travail de camelot en essayant de le faire moi-même et de là j’ai compris la réalité de cette job. »
Peu de temps après, quatre mois environ, un poste d’adjointe administrative sera affiché. Elle postulera. Depuis un certain temps, elle entendait parler d’implication, d’insertion sociale, d’empowerment.
Aujourd’hui, Nancy est la preuve vivante que, depuis toutes ces années, la mission de L’Itinéraire est réelle. C’est comme une thérapie à long terme ! Bravo Nancy !
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Cet article intégral vous est offert gracieusement par L’Itinéraire.
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