Cyberdépendants… le sommes-nous tous ? Un peu, beaucoup ? Si l’addiction au virtuel semble être l’apanage des jeunes, ce « mal » n’épargne pas non plus les plus vieux, voire même les aînés.
Sans vouloir généraliser, parce qu’il y a plus de personnes qu’on ne le pense qui fuient Facebook et compagnie comme la peste, on peut affirmer être devant un « phénomène » grandissant.
Ça se vit au quotidien. Le regard de votre interlocuteur (ou le vôtre) qui oblique automatiquement vers le téléphone intelligent en réaction au « ping ! » de notification. Les automobilistes qui s’intéressent soudain à leur « bas du corps » à la lumière rouge. Les gens qui s’absentent des personnes devant eux pour discuter avec d’autres cachés derrière leur écran.
La connectivité a changé nos rapports avec les autres. Pour le meilleur et pour le pire. Loin de démoniser les réseaux sociaux et internet, nul doute que la techno nous a grandement facilité la vie. Il nous manque une information, on l’a à portée de Google en deux clics. On est passé en mode transmission instantanée alors qu’il n’y a pas si longtemps, il fallait se déplacer physiquement ou faire appel à la poste ou au courrier pour envoyer un document. Et ce n’est là que quelques-uns des bienfaits d’internet, des courriels, textos, tweets et autres réseaux.
Rapprochement et isolement
Autant la connexion au virtuel nous a rassemblés en tant que société, autant l’hyperconnexion nous isole. Tenez, pour illustrer ce propos, j’évoque souvent cette scène vécue lorsque je visitais une ville historique en Floride il y a quelques années. Une calèche touristique passe devant moi, avec à son bord papa, maman et un petit garçon. Les deux parents ont les yeux rivés sur leur téléphone tandis que le petit garçon, délaissé, est seul à écouter le caléchier à l’air désolé lui raconter l’histoire des lieux. C’était d’une tristesse !
De plus en plus de gens éprouvent de la difficulté à entrer en relation réelle avec l’autre à cause du virtuel. Et cet isolement, c’est bien une caractéristique de la dépendance. Pas très différente d’ailleurs de l’alcool, de la drogue ou de toute autre substance, manie ou activité qui gèle et qui fait le vide autour de ses victimes.
C’est cette question que notre collègue Laurent Soumis a fouillé en profondeur avec le concours des plus grands spécialistes en cyberdépendance du Québec. En plus d’expliquer ce qu’on entend par cyberdépendance, il explore son impact sur les adolescents d’aujourd’hui. La situation est troublante. Le temps passé à jouer à des jeux vidéo en ligne prive un grand nombre d’accros d’expérimenter la vraie vie. Ce qui est d’autant plus troublant, c’est que l’industrie des jeux vidéo conçoit ses produits pour accrocher les joueurs, pour en faire de véritables « junkies » du jeu. Rapidité de l’action, couleurs, sons et enchaînements, tout est pensé pour que les joueurs aient du mal à déposer la manette. À tel point qu’ils oublient jusqu’à leurs besoins les plus primaires. C’est révoltant !
Enfin, ce reportage mène à une question : puisqu’il faut des années pour évaluer l’impact des écrans sur les jeunes, qu’en sera-t-il des tout-petits d’aujourd’hui nés avec une technologie qui se développe à la vitesse grand V ? Comment le cyber façonnera-t-il les êtres humains de demain ? L’avenir nous le dira.
Une nouvelle rubrique
Un petit mot de la fin pour vous inviter à consulter notre toute nouvelle rubrique dans les dernières pages du magazine (cette édition, en pages 40-41). Histoires de rues explorera, dans chaque édition, une ou des rues de Montréal. Son origine, son histoire, les personnages qui lui ont prêté leur nom et quelques détails intéressants. Une fascinante incursion dans le monde de la toponymie.