La vie n’est pas toujours facile, j’aimerais ça avoir un petit coin au soleil. J’ai le VIH et c’est très difficile à gérer. Beaucoup d’effets secondaires viennent avec la maladie et ils sont parfois plus irritants que la maladie elle-même : l’impuissance, la mauvaise circulation sanguine, la mémoire qui fuit et surtout le mal de dos. J’ai peur de comment ça va se développer. En plus, les ventes ne vont pas très bien ces temps-ci, peut-être parce que je déprime plus facilement pendant l’automne. J’ai fait face à beaucoup de solitude et le fais toujours.
Le travestisme me permet d’oublier tout ça. Quand je m’habille en femme, ça me rend plus joyeux et léger. Parfois, m’habiller me motive à sortir de chez moi, quand je me sens trop malade ou déprimé pour le faire. Je me fais souvent faire des compliments par des femmes et je l’apprécie beaucoup, même si j’aimerais en recevoir plus de la part des hommes. Je me sens parfois obligé de m’habiller en homme pour pouvoir plaire aux hommes, même si j’aimerais en rencontrer un qui m’accepte comme je suis, ouvertement. Je ne vois pas beaucoup d’hommes travestis dans la rue, le jour, et je crois que c’est parce qu’ils trouvent difficile de se faire pointer du doigt dans la rue. Je crois que les gens qui me pointent du doigt ou me lancent des regards hostiles le font parce qu’ils s’attaquent à mes tentatives de reconstruire ma confiance en moi. Ma famille ne l’accepte pas non plus, et ça me fait vraiment mal parce que je me sens dépossédé d’une partie de moi.
Malgré tout, je continue de rêver à des belles robes de dentelle rose, comme la nuit dernière, et ça me console. La dentelle, c’est comme moi : c’est fragile, et beau. Finalement, même quand ça va mal, je pourrai toujours aller magasiner pendant quelques heures et tout oublier.