« Lorsqu’ils sont devant leur machine, ils entrent comme dans une bulle faisant corps avec la machine en oubliant certains problèmes de leur vie, des difficultés avec le conjoint ou la perte d’un emploi. C’est plus facile de tout oublier devant une machine qui est décrite par des chercheurs comme ayant des composantes addictives », indique Hélène Hamel, coordonnatrice pour les services téléphoniques provinciaux Jeu : aide et référence et Drogues : aide et référence.
Prenons le cas de Robert, qui a commencé à jouer pour fuir l’ennui et oublier son mariage malheureux. Son problème de jeu a commencé alors qu’il était dans la vingtaine. Vivant dans le déni, ça lui a pris de nombreuses années pour admettre sa dépendance au jeu. Aujourd’hui âgé d’une soixantaine d’années, Robert reconnaît qu’il a perdu le contrôle de sa vie et « se démolissait ».
Malgré sa honte, c’est en fréquentant les Gamblers Anonymes qu’il a admis son désir de stopper son jeu compulsif en 1997. « Dans la plupart des cas, il s’agit d’une souffrance, une solitude, un manque, un deuil non résolu. Autrement dit, souvent la dépendance est le symptôme de quelque chose qui fonctionne moins bien dans la vie d’une personne », soutient Mme Hamel.
Malaise social
Aujourd’hui, le jeu compulsif est considéré comme « une maladie, une pathologie psychiatrique teintée d’une perte de contrôle ou d’une compulsion à laquelle seule l’abstinence saura être une réponse valable si on veut se débarrasser des problèmes de dépendance qui s’y rattachent », croit Amnon J. Suissa, professeur à l’Université du Québec en Outaouais dans une étude au sujet des enjeux psychosociaux des jeux de hasard et d’argent en Amérique du Nord.
Chaque année, quelque 200 joueurs excessifs se suicident, selon le Conseil canadien de la sécurité. « Pour chaque joueur qui se suicide, cinq autres risquent de s’infliger des blessures pouvant nécessiter une hospitalisation. On associe également la dépendance au jeu à une foule d’autres problèmes personnels et sociaux graves, tels que la faillite, l’éclatement de la famille, la violence familiale, l’agression, la fraude, le vol, voire l’itinérance », remarque-t-il. Ainsi depuis 2002, la Régie de l’assurance maladie du Québec couvre les frais de thérapie liés à la dépendance aux jeux.
Découvrez l’article intégral dans l’édition du 15 novembre 2016, disponible auprès de votre camelot préféré(e).