C’est au Palais des congrès qu’a eu lieu le troisième forum d’économie sociale (GSEF2016) du 7 au 9 septembre où des solutions de rechange ont été examinées pour permettre une plus grande floraison d’organismes sans but lucratif (OSBL) et de coopératives.
« Nous avons 1400 participants de 62 pays et c’est un franc succès. Il y a beaucoup de transfert de connaissances », a estimé Jean-Martin Aussant, directeur général du Chantier de l’économie sociale lors de notre passage au forum.
« Au Québec, l’économie sociale représente plus de 10% du PIB, ce qui est davantage que le secteur de la construction, les mines et bien d’autres secteurs dont on pense qu’ils sont des piliers de l’économie. L’économie sociale est vraiment un pilier de l’économie et en même temps quand on parle du PIB, je trouve que c’est un peu réducteur. C’est sûr qu’il y a un impact économique important mais l’impact social, qui est plus difficile à quantifier, est aussi et sinon plus important sur la cohésion sociale, sur la dignité humaine, sur l’innovation, sur les nouvelles créations qui se font, sur la revitalisation de quartiers et de villes », a affirmé Béatrice Alain, chargée de projets Relations internationales du Chantier de l’économie sociale et coorganisatrice du GSEF2016.
Des initiatives d’ici et d’ailleurs
« Plus d’une centaine d’initiatives présentées au forum ont fait leurs preuves et répondent à des besoins dans leurs communautés. Par exemple le Projet Sol qui réintègre des gens sur le marché du travail assure le service alimentaire pour l’Espace Vie à Montréal. L’Utile, un projet en démarrage, assure des logements pour les étudiants. À l’international, l’entreprise Alencop de Barcelone ramasse la ferraille pour la réutiliser dans le métal en partenariat avec la ville. Il y a aussi la Corporation Mondragon des pays basques qui est devenue la plus grande coopérative de travailleurs au monde », a-t-elle indiqué.
Parmi d’autre mesures, Investissement Québec finance des entreprises d’économie sociale dans des secteurs tels que l’insertion en emploi, la culture, des coopératives de travailleurs dans les forestières, Agropur, mais aussi des petits magasins dans les régions pour éviter la dévitalisation.
Mal connue
« C’est un peu naturel pour Investissement Québec d’être ici car on finance des entreprises d’économie sociale, des OSBL ou des coopératives. Nous venons chercher des idées de partout dans le monde, s’en inspirer et peut-être les appliquer au Québec. Notre façon de faire est bien ancrée ici et nos réseaux sont bien définis. Nous voulons échanger avec les gens et c’est sûr que ça se passe au Québec et nos partenaires sont ici. Je trouve ça bien d’en parler parce que l’économie sociale au Québec ce n’est pas connue, soit que les gens ne connaissent pas ça ou bien ils l’interprètent mal. Un forum comme celui-ci permet une meilleure couverture médiatique, démystifier l’économie sociale et aussi assurer une vitrine. Souvent les gens pensent que c’est l’économie des pauvres, il y a presque tout le temps un aspect péjoratif. Ce n’est pas vrai; les OSBL et les coopératives sont très florissantes. C’est 40 milliards de dollars, ce sont 7000 entreprises au Québec; c’est beaucoup. Dans les universités il n’y a pas de programmes qui mettent de l’avant l’économie sociale, les jeunes ne connaissent pas ça et ils pensent que tu ne peux pas faire carrière en économie sociale. Moi, ça fait 10 ans que je suis là-dedans depuis que je suis sorti de l’université », a expliqué Olivier Prévost, directeur de portefeuille chez Investissement Québec et titulaire d’une maîtrise en gestion des coopératives et d’un certificat en financement d’entreprises.
Impact social
« Je pense que la caractéristique principale de l’économie sociale ce sont des initiatives des entreprises qui ont des activités économiques ayant un impact économique mais aussi des impacts social, culturel et environnemental. Elles sont au service de leurs membres et de la collectivité plutôt que d’être des entreprises qui visent à maximiser leurs profits. Elles placent vraiment les personnes au centre de leurs activités plutôt que le profit, a exprimé Béatrice Alain. L’objectif est de montrer ce qu’on fait et d’expliquer ce que nous faisons. Notre écosystème d’initiatives québécoises suscite vraiment de l’intérêt au niveau international, mais en même temps il y a toujours des choses qu’on peut apprendre des autres et voir s’il y a des pratiques qu’on peut adapter chez nous ».
Ces entreprises, qui sont dévouées à un enjeu social ou communautaire, restent en vie après cinq ans à hauteur de 62 % alors que les entreprises traditionnelles survivent à 35%. Les entreprises les plus populaires d’économie sociale comprennent le Mouvement Desjardins, la TOHU, la Société des arts technologiques, de même que de nombreuses microbrasseries regroupées en coopératives. Parmi les trois piliers – le gouvernement, le privé et le collectif – celui du collectif a un taux de survie après 10 ans qui est souvent le double que celui du privé.
Référez-vous à notre dossier sur l’économie sociale dans l’édition précédente
Comprendre l’économie sociale
Plan d’action de l’économie sociale 2015-2020
Dans « économie sociale », il y a le mot « économie »!, par Gerald Fillion (Radio-Canada)
À propos du Forum d’économie sociale (GSEF 2016)
Un forum pour contrer le « rouleau compresseur » du modèle économique dominant (Radio-Canada)