Il y a des gens sur qui on ne miserait pas cher sur leurs chances de s’en sortir, tellement leur situation semble désespérée. Et pourtant, il y en a beaucoup qui finissent par effectuer un 360 avec leur vie. Des hommes et des femmes avec des problèmes en apparence insurmontables qui ont déjoué les plus sombres pronostics et ont remis leur vie sur les rails.

J’en ai connu plusieurs aux prises avec de graves problèmes d’alcool et de drogue, qui ont flirté pendant longtemps avec les bas-fonds de l’existence. À les regarder aller aujourd’hui, personne n’aurait jamais cru que ce père de famille ou encore cette dirigeante d’entreprise a fréquenté des bars minables, a vivoté dans une piaule insalubre et a passé le plus clair de son temps à se remettre d’une cuite ou d’un méchant down de dope avant de repartir invariablement sur la galère. Et je ne parle pas de mauvaises passes de la vie, mais plutôt d’années de consommation débridée, qui les ont menés au bord du gouffre.

Jusqu’au jour où ils et elles ont touché le fond et en ont eu assez. Et qui ont eu, dans la grande majorité des cas, de bonnes personnes placées sur leur chemin.

Et ils sont nombreux aussi ces jeunes abusés et négligés qui, après avoir été pris en main pendant des années par la DPJ vont se retrouver à la rue lorsqu’ils atteignent l’âge de leur majorité. De plus en plus nombreux d’ailleurs. De nos jours, les refuges pour les jeunes débordent et doivent en refuser plus souvent qu’autrement.

Selon une étude de l’École nationale d’administration publique (ENAP) publiée en 2022, près d’un tiers des jeunes qui ont connu un long parcours avec la DPJ ont vécu une période d’itinérance suivant leur sortie de placement.

Et depuis deux ans, la crise du logement leur offre peu d’espoir. Lorsqu’ils tentent de stabiliser leur situation, la plupart des propriétaires sont peu enclins à leur louer un logement. D’où l’importance des organismes communautaires qui les épaulent et les accompagnent dans leur parcours.

Comme le disait en entrevue à la radio mon collègue Vincent Ozrout, intervenant, responsable clinique à L’Itinéraire : « Nous, on ne sauve personne, on leur offre des outils, des moyens. C’est la personne qui choisit de s’en sortir. » Et c’est tout à fait juste. Mais la démarche n’est pas facile, la côte à remonter est abrupte quand on a des problèmes de consommation, de santé mentale et de judiciarisation. Mais avec du soutien et la volonté de s’en sortir c’est envisageable et possible.

C’est pourquoi l’histoire de Souldia, qui figure comme reportage principal dans ce numéro, est inspirante. Le célèbre rappeur québécois a surmonté de nombreux obstacles, dont l’itinérance, pour non seulement s’en sortir, mais pour mener une vie assez exceptionnelle. Ça fait du bien à lire.


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