Une revue de presse de plus à lire en ce début d’année? Pas tout à fait! «Pourquoi ne pas plutôt proposer un récapitulatif des meilleurs articles 2024 du magazine?» Ce qui ressemblait à une «lubie» du camelot et rédacteur Denis Moisan, s’est implantée sans effort dans les têtes qui composent l’équipe de rédaction du magazine L’Itinéraire. Elle s’est par ailleurs imbriquée dans d’autres idées, notamment celle de lier le choix des articles de la revue au thème de l’édition: «Une société en mal d’amour» , inspiré par L’état du Québec 2025, auquel plus de 40 auteur.e.s mobilisé.e.s par L’Institut du Nouveau Monde ont contribué.

L’Itinéraire vous propose donc de revisiter l’année 2024 à travers des articles choisis par trois acteurs de la démocratie et férus d’actualité: Mathieu Arsenault de l’Institut du Nouveau Monde, Marie-Ève Morasse de La Presse et Éric-Olivier Senécal, camelot de L’Itinéraire. Chacun a sélectionné 10 articles qui ont animé – ou auraient dû animer – la société québécoise…

Plus payant de retourner les canettes

Édition du 1er janvier 2024
Par Simon Bolduc

Pierre, 55 ans, ramasse des canettes depuis quatre ans pour arrondir ses fins de mois. Sa routine de quatre heures lui rapportait 150 $ par semaine, un montant qui augmente avec le doublement de la consigne à 10 sous depuis le 1er novembre 2023. Désormais, tous les contenants en aluminium de 100 ml à 2 litres sont acceptés, augmentant la collecte à 2,8 milliards d’unités annuellement.

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Très bon reportage qui allie un élément d’actualité avec des témoignages de gens pour qui la hausse de la consigne aura un impact direct sur leurs revenus. Bravo pour le travail de terrain! Marie-Ève Morasse, journaliste spécialisée en éducation, La Presse
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Du contenu sur les contenants, il en faudrait plus ! La gestion de nos déchets, banale en surface, en révèle beaucoup sur notre société. On consomme et on jette. Récupérez vite ce déchet que je ne saurais voir ! Et pourtant, il a des effets insoupçonnés pour certaines personnes qui en tirent un revenu essentiel ou qui en font une mission personnelle de les valoriser. Mathieu Arsenault, conseiller principal, affaires publiques, Institut du Nouveau Monde
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L’article m’a interpellé et captivé jusqu’à la fin. Ayant personnellement rencontré quelques fois une personne qui effectue tous les matins la collecte de canettes et de bouteilles vides dans le quartier, j’ai pu me rendre compte quelque peu des dessous de cette activité hors norme, qui passe sous le radar des autorités fiscales, entre autres. Éric-Olivier, camelot Cinéma Beaubien 

Les Québécois et la différence: un malaise à dépasser

Édition du 1er février 2024
Par Simon Bolduc

Marina M. Doucerain (UQAM) a analysé les interactions interculturelles de 80 étudiants par le biais des journaux intimes sur 21 jours. Résultat : le contact interculturel engendre souvent malaise et anxiété, particulièrement chez les Québécois francophones. Un quart d’entre eux n’ont rapporté aucun échange interculturel, même dans un milieu universitaire diversifié.

Le Mois de l’histoire des Noirs, sous le thème Plusieurs nuances, une histoire, invite à mieux comprendre ces enjeux. Michael P. Farkas souligne le besoin de dialoguer avec tous les Québécois, regrettant un manque de couverture médiatique francophone proactive. Marina Doucerain y voit un outil transitoire, mais insuffisant sans un dialogue constant et équitable.

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Ce texte de nouvelle est bien ficelé et va droit au but! Le thème de la recherche qui est relatée dans le texte est très intéressant et touche tout le monde. Marie-Ève Morasse, journaliste spécialisée en éducation, La Presse.
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Les malaises que l’on peut ressentir dans nos interactions culturelles sont aussi des occasions d’apprentissage et d’ouverture. L’étude présentée dans ce reportage nous donne un aperçu de l’invisible : des rapports à l’autre parfois absents et des non-dits. Elle nous invite à enfiler notre survêtement de sport commun pour nous entraîner à renforcer notre dialogue social et le vivre-ensemble. Mathieu Arsenault, conseiller principal, affaires publiques
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Encore un fois, on me rejoint par la facilité qu’on a à dresser un tableau de ce sujet qui pourrait représenter un champ de mines. De plus en plus, L’Itinéraire est en phase avec la société montréalaise et québécoise dans son ensemble : mixte et variée telle qu’elle l’est. Éric-Olivier, camelot Cinéma Beaubien

Sexualité : celle qu’on ne regarde pas

Édition du 15 février 2024
Par Karine Bénézet et Simon Bolduc

Alex et Jess quêtent ensemble au métro Radisson depuis près d’un an. Ils dorment dans un abribus et se mettent au chaud quand ils le peuvent. Les deux acolytes se sont rencontrés dans la rue et, de fil en aiguille, sont devenus amis puis amants.

Des couloirs universitaires à ceux des hébergements d’urgence, L’Itinéraire a couru les témoignages ; ceux des intervenants, des itinérants, des scientifiques, puis des politiques pour comprendre la santé sexuelle des personnes en situation d’itinérance, au-delà des risques liés aux infections transmises sexuellement et par le sang (ITSS), VIH, grossesses non désirées ou encore aux violences sexuelles.

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Il n’est pas facile de parler de sexualité, encore moins de celle des personnes qui vivent dans la rue ! Les journalistes livrent un texte écrit avec une grande sensibilité, qui montre toute l’importance de l’intimité et des contacts humains. Marie-Ève Morasse, journaliste spécialisée en éducation, La Presse
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La sexualité, sujet tabou s’il en est un, prend une couche d’opacité de plus lorsqu’il est question d’itinérance. Ce reportage ratisse large pour explorer un enjeu qui se retrouve même dans l’angle mort de la recherche et des personnes sur le terrain. Ce texte nous ouvre des portes où l’on n’ose rarement cogner. Mathieu Arsenault, conseiller principal, affaires publiques

Campement à Gatineau: une piste de solution pour un parcours complexe

Édition du 1er mars 2024
Par Jules Couturier

Depuis des années, le secteur autour du Centre Robert-Guertin aux abords du ruisseau de la Brasserie dans le quartier du Vieux-Hull à Gatineau est une plaque tournante de l’itinérance dans cette ville de l’Outaouais. Un campement de fortune insalubre où règnent la violence et le trafic de drogue y est érigé. C’est l’une des premières choses que les Gatinois voient en arrivant dans leur ville à partir de l’autoroute Guy-Lafleur. Les surdoses mortelles, les batailles, les vols s’y multiplient, en plus des incendies dans les tentes que les campeurs tentent désespérément de chauffer au Purell en hiver. Mais depuis le 18 décembre 2023, quelque chose s’est ajouté dans ce décor peu réjouissant : un campement provisoire avec tentes chauffées, sécurisé, encadré par une équipe d’intervenants. Un projet innovant, d’un genre qui n’avait jamais été vu jusqu’à présent au Québec.

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Ce reportage met en lumière une piste de solution pour pallier temporairement au manque de logements abordables. On sent le travail de terrain du journaliste par les témoignages qui sont bien choisis et le dossier est très bien documenté. Marie-Ève Morasse, journaliste spécialisée en éducation, La Presse
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Est-ce qu’un campement supervisé était une bonne solution? Le projet mérite certainement une attention plus grande à l’échelle de la province, à l’heure où les campements de fortune sont encore au centre de l’attention dans les grandes villes. Il s’avère tout à fait pertinent que le dossier nous amène à la rencontre des personnes sur le terrain, en passant par les campeuses, la mairesse, des intervenants et le promoteur privé. Il est dommage que le projet soit terminé aujourd’hui, car il semblait répondre à des besoins qui ne le sont pas ailleurs. Y avons-nous fait des apprentissages qui peuvent inspirer d’autres villes, d’autres initiatives? Où envoyer ces gens qui n’ont nulle part où aller? Mathieu Arsenault, conseiller principal, affaires publiques, Institut du Nouveau Monde

À pleines dents

Dents

Édition du 1er juin 2024
Par Simon Bolduc et Jules Couturier

Il y a un proverbe chinois qui dit : à force de sourire, tu deviendras heureux. Le contraire pourrait aussi être vrai pour ceux et celles qui vivent avec la honte de sourire à pleines dents. Dur d’être heureux quand on dépense une fortune pour se faire soigner parce qu’on a mal ou parce qu’on ne s’aime pas devant le miroir. Pourquoi les soins dentaires ne sont pas couverts à 100 %, comme le reste des soins de santé, et pourquoi sont-ils si chers ? D’où vient cette séparation des dents du reste du corps dans notre conception médicale ? Quelles sont les conséquences sociales pour la personne qui a les dents croches, jaunies ou tachées ? En fait, depuis quand sourions-nous ? Toutes ces questions ont été soulevées pour ce dossier spécial sur les dents.

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La santé dentaire n’est pas un sujet facile à rendre intéressant, mais il est néanmoins important d’en parler. Dans ce cas-ci, les journalistes réussissent le pari d’intéresser le lecteur, en apportant des témoignages qui démontrent à quel point il est primordial d’avoir accès à ces soins. Marie-Ève Morasse, journaliste spécialisée en éducation, La Presse
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Pourquoi les dents sont-elles séparées du reste du corps lorsqu’il est question de soins de santé et pourquoi l’on ne se pose pas cette question plus souvent ? En cette année d’introduction du Régime canadien de soins dentaires, ce dossier creuse à la « racine » des enjeux buccodentaires en nous révélant les inégalités de sourire à pleines dents. Alors qu’une majorité tient pour acquis d’avoir facilement accès à des soins dentaires, il est saisissant de lire les témoignages des personnes pour qui l’accès difficile à des soins dentaires est pénible et lourd de conséquences. Mathieu Arsenault, conseiller principal, affaires publiques, Institut du Nouveau Monde
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Je me suis particulièrement intéressé à ce dossier. De par son retour historique et parfois humoristique et léger, ce sujet encore une fois, casse-gueule, fut traité de main de maître. Il est exhaustif et concret. Je peux témoigner, ayant moi-même englouti ma famille surtout, un condo et quart dans ma dentition, avant d’aboutir, malgré moi et comme plusieurs autres Québécois, avec un dentier à la cinquantaine. Éric-Olivier, camelot Cinéma Beaubien

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NDLR:
Chacun des deux articles ci-dessous a été mentionné par le jury comme  « une actualité qui méritait une plus grande attention médiatique » et « une démonstration de solidarité sociale ». C’est pourquoi nous les avons inclus dans la revue de presse.

Rafle des années 60 : écrire pour guérir

Photo : Gabriel Lavoie

Édition du 15 juin 2024
Par Karine Bénézet

Isabelle Picard, ethnologue et auteure, raconte dans son roman Des glaçons comme du verre une période sombre de l’histoire des peuples autochtones : la rafle des années 60. Inspirée de faits réels et de son histoire familiale, elle explore les placements forcés d’enfants autochtones, qui ont brisé des familles et accéléré l’acculturation des communautés. Bien qu’ayant grandi dans son village huron-wendat de Wendake, Isabelle a été coupée de sa culture, altérée par la Loi sur les Indiens. À travers ce récit, elle contribue à la reconnaissance de cette tragédie méconnue et au processus de réconciliation.

Transgenre en recherche de logement, une équation complexe

Image tirée du film Éviction

Édition du 1er juillet 2024
Par Karine Bénézet

Avec un taux d’inoccupation locative historiquement bas (1,3 % en 2023), la recherche d’un logement est devenue un véritable calvaire, particulièrement pour les personnes transgenres et non-binaires, qui subissent des discriminations accrues. Selon Cédric Dussault, porte-parole du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) et des données récentes, ces communautés sont deux fois plus à risque de pauvreté et d’itinérance. La discrimination liée à l’identité de genre, souvent subtile, se manifeste dès les visites ou après l’installation, comme en témoignent Lou et Miaula.


Seconde main, première place

Édition du 1er juillet 2024
Par Jules Couturier

En ce moment sur la planète, il y aurait assez de vêtements pour habiller les six prochaines générations d’êtres humains. Pourtant, les compagnies de fast-fashion continuent de surproduire de façon massive de nouveaux vêtements dans des conditions inhumaines pour leurs ouvriers avec des conséquences désastreuses pour l’environnement. Trouvez l’erreur…

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Il s’agit d’un sujet environnement/consommation très intéressant, qui montre une tendance qui n’avait, juste là, que très peu été évoquée dans les médias. Marie-Ève Morasse, journaliste spécialisée en éducation, La Presse
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« On aurait sur la planète de quoi habiller les six prochaines générations ? La statistique choquante est adoucie par la démonstration que le seconde main est en hausse de popularité. Le vêtement, symbole de notre identité par excellence, est malheureusement un privilège pour plusieurs et un désastre environnemental pour tout le monde. La fast-fashion et l’industrie de la mode nous poussent dans nos derniers retranchements, et il s’y trouve une « seconde main » pour nous sortir de là ? Une « tendance » à suivre en 2025 ! Je trouve pertinent que l’article nous guide vers des habitudes plus durables (et abordables !) pour s’habiller. » Mathieu Arsenault, conseiller principal, affaires publiques

Un nouveau départ : le rôle des Maisons Oxygène dans la vie des pères

Édition du 1er octobre 2024
Par Jules Couturier

Au moment de sa rencontre avec L’Itinéraire, Gérard était depuis trois mois dans une Maison Oxygène, un centre d’hébergement et de soutien communautaire pour les pères et leurs enfants, avec sa fille Madison, âgée de 6 ans. Il a accepté de nous raconter son histoire de paternité, marquée de défis et de bouleversements, qui connaît un certain apaisement grâce au soutien inestimable qu’il reçoit de cet organisme et de ses intervenants dévoués.

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Texte très intéressant sur un réseau de maisons dont je n’avais jamais entendu parler, plusieurs années après sa création ! Le témoignage d’un père donne du relief au texte et permet au lecteur de bien comprendre l’importance de ces maisons. Marie-Ève Morasse, journaliste spécialisée en éducation, La Presse
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Jules, à travers l’exemple d’un père et de sa fille, nous fait réaliser de l’intérieur l’étendue de la mission sociale d’une telle ressource communautaire. En retraçant ses origines assez particulières, il nous a fait vivre de l’intérieur, la vie telle qu’on figure qu’elle doit être dans cette situation bien définie. De plus, le fait que le personnel suive des cours, pour s’adapter à plus d’une trentaine de nationalités, qu’ils se doivent de côtoyer dans un Montréal au visage de plus en plus multiethnique, est un gage sans contredit du sérieux de l’approche des Maisons Oxygène. En outre, finalement, le suivi que l’on procure aux résidents temporaires de la maison démontre de surcroît que ces établissements ont été conçus en amont avec beaucoup de soin et un souci aigu de leur raison d’être. Éric-Olivier, camelot Cinéma Beaubien

DPJ autochtones : en marche vers l’autodétermination

Édition du 15 octobre 2024
Par Karine Bénézet

En 2018, les Atikamekw créent leur propre DPJ, le Système d’intervention d’autorité Atikamekw (SIAA), tandis que les Innus d’Uashat mak Maliotenam préparent une loi sur la protection de l’enfance. En 2019, le Canada reconnaît, via la Loi C-92, les droits des peuples autochtones en matière de services à l’enfance et à la famille. André Lebon, ex-psychoéducateur et vice-président de la Commission Laurent, se réjouit des progrès réalisés. Cependant, des défis persistent, notamment pour les Inuits du Nunavik, confrontés à des problèmes structurels (logement, eau potable, éducation), entravant leur autonomie et affectant les enfants placés. Amanda, déplacée 30 fois par la DPJ, témoigne avec sa famille d’accueil.

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Texte fouillé, qui fait état d’une réalité encore trop méconnue des Québécois et de l’importance de protéger les plus vulnérables de la société. L’histoire d’Amanda est très touchante et met bien la table pour le reste du dossier. Marie-Ève Morasse, journaliste spécialisée en éducation, La Presse
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Difficile de ne pas se sentir interpellé comme citoyen et comme parent sur cet enjeu. Il est touchant de suivre le parcours d’une enfant qui ne cherche que son autodétermination, en parallèle du peuple Inuit au Nunavik qui cherche à définir la sienne en matière de protection de la jeunesse. Les exemples d’autres nations autochtones qui prennent cette voie sont inspirants. Souhaitons que l’attention médiatique (et de la population!) demeure. Mathieu Arsenault, conseiller principal, affaires publiques, Institut du Nouveau Monde
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En somme, après que la journaliste ait brossé un tableau assez sombre de la situation chez les Inuits, elle nous donne l’exemple des Atikamekws qui ont remodelé une loi des années 1985 pour l’adapter avec brio à tous les défis que suppose l’autogestion de la Protection de l’enfance autochtone en 2024. Éric-Olivier, camelot Cinéma Beaubien

 

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