Alors que l’itinérance ne cesse de croître partout au Québec, le gouvernement provincial annonce un investissement de 10 millions de dollars pour venir en aide aux organismes communautaires qui œuvrent en première ligne. Cette somme, répartie entre le réseau des Centraide du Québec et la Ville de Montréal, vise à renforcer les services d’aide, améliorer les conditions d’accueil et soutenir les démarches vers l’autonomie.
L’annonce a été faite à l’occasion du Sommet de l’Est, par la ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire et députée de Pointe-aux-Trembles, Chantal Rouleau.
Un appui direct aux acteurs du terrain
Sur les 10 millions de dollars, 8,5 millions seront versés à Centraide du Grand Montréal pour alimenter son fonds d’urgence en itinérance, une somme à laquelle l’organisme ajoutera 990 000 dollars. La Ville de Montréal recevra, quant à elle, 1,5 million de dollars qu’elle bonifiera d’une somme de 166 666 dollars.
« L’itinérance est un enjeu complexe qui demande que nous travaillions en collaboration avec différents partenaires, a expliqué Chantal Rouleau. Cette aide financière, réclamée par le milieu, donnera aux ressources sur le terrain les moyens d’agir concrètement pour aider les personnes à sortir de la rue. »
Échelonné sur deux ans, ce financement s’adresse aux organismes communautaires, tant dans la métropole qu’ailleurs au Québec, ayant des projets sur différentes thématiques liées à l’itinérance, comme le développement d’outils et de formations, la cohabitation sociale ou encore la déjudiciarisation des personnes en situation d’itinérance. L’objectif : leur permettre d’améliorer les conditions d’accueil, d’optimiser les interventions sur le terrain, d’appuyer les démarches d’accès à l’aide sociale et d’acquérir des biens essentiels.
Vers un meilleur accès à l’assistance sociale
« Je suis également fière des mesures mises en place pour faciliter leur accès à l’assistance sociale, un levier essentiel pour les encourager à reprendre leur élan vers une pleine autonomie », a souligné Chantal Rouleau.
En effet, ce soutien s’inscrit dans le Plan d’action gouvernemental 2024-2029 pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. En quoi cela consiste ? Il s’agit de mettre en place des mesures concrètes pour faciliter l’accès aux programmes d’assistance sociale des personnes en situation d’itinérance.
La feuille de route prévoit de simplifier le processus de demande, d’offrir un meilleur accompagnement, ainsi que de renforcer la formation du personnel ministériel de l’Emploi et de la Solidarité sociale afin d’assurer une intervention optimale auprès des itinérants.
Mais pas suffisant
Seulement, pour certains acteurs du milieu, cette annonce, bien qu’appréciée, ne peut suffire. Luc Desjardins, président-directeur général du Groupe communautaire L’Itinéraire, met en garde contre l’approche à court terme : « Injecter des millions en urgence sans vision à long terme, c’est comme mettre un pansement sur une plaie ouverte. Ce dont les personnes en situation d’itinérance ont besoin, c’est de constance, de dignité et d’un engagement durable. »
Il appelle à un changement de cap : « À L’Itinéraire, on croit qu’il faut cesser de naviguer à vue : il est temps de construire un avenir ensemble, pas seulement de gérer des crises. »